La prévention des risques au travail est
l’affaire de tous : les salariés, les entreprises et la société
Question du salarié «Je suis employé dans une entreprise marocaine opérant dans le secteur de l’industrie métallurgique.
Question du salarié «Je suis employé dans une entreprise marocaine opérant dans le secteur de l’industrie métallurgique.
Souvent,
les salariés sont appelés à manipuler plusieurs machines très dangereuses. Je
travaillais avec une machine utilisée dans le découpage de la tôle. Cela
faisait des années que je travaillais avec cet engin à un point que je pouvais
le manier facilement. Mais un jour, dans un moment d’inadvertance, ma main
droite a été happée par une lame de la machine. J’ai perdu trois doigts dans
cet accident. L’entreprise avait pris en charge tous les frais
d’hospitalisation et des soins mais un problème persiste toujours.
J’ai
cessé de travailler pendant deux mois et l’entreprise a suspendu le versement
de mon salaire. Pis encore, je n’ai reçu aucune indemnisation après l’accident
de travail. Actuellement, Je ne travaille pas car la direction tarde toujours à
donner son aval pour que je réintègre mon poste. Je désire avoir des
informations sur les dispositions prévues par la législation marocaine en
matière des accidents du travail.»
Avis de l’employeur
Soucieuse
de la sécurité de ses salariés, notre entreprise a adopté, depuis des années
d’ailleurs, une stratégie de sécurité et de prévention. Ainsi, tous les
employés sont dotés des moyens nécessaires pour leur protection.
En
outre, les responsables organisent continuellement des sessions de formation au
profit des salariés
concernant
le maniement des machines utilisées dans nos différents ateliers, justement
pour éviter qu’un employé ne soit victime d’un accident de travail. Malheureusement,
malgré toutes les mesures prises par les responsables, l’insouciance de
certains salariés peut mener à un drame.
L’accident
survenu dans nos locaux trois mois auparavant en est la parfaite illustration.
L’enquête menée a révélé que la cause de l’accident est le non-respect des
règles de prévention de base. Le salarié n’a pas pris toutes les précautions
exigées avant l’utilisation du matériel. Le mal n’a pas pu donc être évité. Il
s’agit là d’une faute grave. Mais la direction n’a pas encore tranché sur ce
dossier.
Conseil du juriste
Tout
d’abord, il convient de préciser que la prévention des risques au travail est
l’affaire de tous : les salariés, les entreprises et la société.
Dans
certains secteurs à risque, un salarié peut être victime d’un accident
lorsqu’il effectue son travail. D’une manière générale, les accidents de
travail sont répertoriés dans quatre grandes catégories.
D’abord,
les accidents sans arrêt où le salarié est apte à reprendre son travail
aussitôt (blessures légères).
Ensuite,
les incapacités temporaires qui entraînent un arrêt de plusieurs jours à
plusieurs semaines ou
plusieurs
mois, déterminé par le médecin (coupures, piqûres..).
La
troisième catégorie est celle des incapacités permanentes qui peuvent résulter
d’amputations causées par une machine, une incapacité fonctionnelle à la suite
d’une chute.. Enfin, les accidents mortels provoqués par une chute de grande
hauteur, des engins de manutention ou des véhicules de transport, une
électrocution ou une explosion.
La
victime d’un AT est tenue d’informer son employeur au plus tard dans un délai
de 24 heures, sauf cas de force majeure. L’employeur déclare à son tour l’AT
dans un délai de 48 heures auprès des autorités locales ; sinon, le salarié
peut assurer lui-même cette déclaration auprès des autorités locales dans un
délai maximum de deux ans.
Le
salarié est pris en charge par l’employeur par l’intermédiaire de l’assurance
contre les AT. En effet,
l’assurance
contre les accidents sur les lieux du travail est devenue une obligation pour
tout employeur à l’égard de ses salariés suite à l’entrée en vigueur du code du
travail loi 65-99. Les frais médicaux et
pharmaceutiques
ou d’hospitalisation, d’appareillage et de rééducation sont ainsi pris en
charge.
La
victime reçoit des indemnités journalières de 2/3 du salaire, à compter du jour
suivant la date de l’accident jusqu’à la reprise du travail. Les incapacités
permanentes donnent lieu au versement d’une pension qui est attribuée en fonction
du pourcentage d’incapacité. De même, une rente est attribuée aux ayants droit
en cas de décès.
Pour
parer à toute éventualité d’accidents, un seul moyen existe : la prévention.
Elle est, certes, coûteuse et nécessite un investissement à long terme mais
elle peut garantir la sécurité des salariés et minimise les risques
professionnels. Il s’agit en fait d’un investissement à long terme pour toute
entreprise. La prévention passe forcément par la formation et l’information.
Les
acteurs de la prévention peuvent être internes ou externes à l’entreprise.
Parmi
les acteurs internes, on retrouve au premier rang l’employeur. Il est le
premier responsable de la
sécurité au sein
de son entité.
L’article
289 stipule que l’employeur doit informer les salariés des dispositions légales
concernant la
protection
des dangers que peuvent constituer les machines. Il doit afficher sur les lieux
de travail, à une place convenable habituellement fréquentée par les salariés,
un avis facilement lisible indiquant les dangers résultant de l’utilisation des
machines ainsi que les précautions à prendre. Par ailleurs, l’employeur doit garantir
toutes les dispositions et mesures nécessaires pour assurer la santé et la
sécurité des salariés. A ce titre, Il est interdit pour tout employeur de
demander à un salarié d’utiliser une machine dépourvue de dispositifs de
protection ou d’effectuer le transport d’une charge dont le poids est
susceptible de compromettre sa santé et sa sécurité.
Le
salarié assume également une part de responsabilité surtout s’il est informé et
doté d’équipements de protection individuels et collectifs. Selon l’article
293, le non-respect des prescriptions relatives à la sécurité pour l’exécution
de certains travaux dangereux par des salariés dûment informés, selon les
modalités prévues par l’article 289, constitue une faute grave pouvant
entraîner le licenciement sans préavis, ni indemnité de licenciement, ni
dommages intérêts. Ainsi, tous les salariés sont tenus de respecter les
prescriptions en matière de santé et sécurité au travail (affichage,
signalisation, pictogramme..) et ne doivent pas utiliser une machine sans
dispositifs de protection.
Pour
leur part, les institutions représentatives du personnel jouent un rôle
important dans la sécurité et la prévention des risques, notamment le comité de
sécurité et d’hygiène dont le rôle est prépondérant et capital, et le comité d’entreprise
par le biais de ses actions en matière de formation et de stratégie de
production.
Le
délégué des salariés et le représentant syndical sont impliqués dans la
prévention au sein de l’entreprise par le biais de la requête individuelle, du
dossier revendicatif et de la négociation collective.
Le
médecin du travail et le service de sécurité ont une mission préventive. Ils
jouent le rôle de conseiller de l’employeur en matière de santé et sécurité au
travail en vue d’améliorer les conditions du travail et de mettre en place une
stratégie de prévention contre les risques professionnels.
Les
acteurs externes sont nombreux. D’abord, l’inspection du travail qui est
chargée de l’application des textes législatifs et réglementaires en matière du
travail. Elle est également investie d’un rôle important en matière d’information
et de conseil.
Ensuite,
les organisations professionnelles et syndicales par la sensibilisation et la
formation. Enfin, les assureurs qui sensibilisent les entreprises quant à la
gestion économique du risque, et les organismes agréés de vérification et de
contrôle.
Source :
Abdessamad Drissi, inspecteur du travai
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